Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre coopérative ?
Beaucoup de personnes migrent vers les villes car elles ne peuvent plus travailler dans les villages ruraux. Nous nous sommes regroupés dans le village de Qawzah pour créer cette coopérative et pouvoir travailler à côté de chez nous. Nous avons choisi la plante du zaatar qui a un arôme très distingué. Le zaatar est une variété d’origan sauvage qui pousse au Liban, en Jordanie et en Palestine. Cette plante nous tient à cœur car elle est cultivée sur nos terres depuis plusieurs générations. Notre coopérative a été créée en 2012, elle est mixte, composée à la fois d’hommes et de femmes.
En tant que femme, comment avez-vous vécu le fait de prendre la tête de la coopérative ?
C’est une grande responsabilité, ce n’est pas facile. J’ai pu dépasser ces difficultés grâce au groupe qui constitue la coopérative. Souvent, la coopérative passe par des moments difficiles mais c’est toujours ensemble que nous trouvons des solutions pour dépasser le problème. Je me suis habituée à avoir recours à tout le monde et à résoudre les problèmes collectivement. Dans ma coopérative, il n’y a pas de représentation dominante des hommes ou des femmes, malgré le fait qu’au Liban, la propriété des terres est souvent aux mains des hommes.
Au Liban, il existe beaucoup de coopératives de femmes dans le domaine de la transformation, qui est habituellement plus féminin. Au niveau de la matière première et du travail de la terre, ce sont les hommes qui sont les plus présents car c’est un travail très dur. La coopérative de Qawzah est un modèle hybride, nous faisons à la fois le travail de la terre et de la transformation. Le travail manuel, la récolte, le nettoyage du zaatar, tout est fait par les hommes et les femmes, nous apprenons les un·es des autres et travaillons toujours ensemble. Même durant la transformation du produit, le travail se fait collectivement. Les hommes et les femmes se mettent d’accord pour être plus efficaces. Nous avons aussi plusieurs terrains séparés, mais nous nous entraidons d’un terrain à l’autre.
Prendre la tête de la coopérative, c’est quelque chose que j’ai fait pour moi, pour ramener un revenu personnellement. Je voulais vraiment devenir indépendante financièrement, je ne voulais pas avoir recours à mes enfants pour avoir une entrée d’argent. J’ai gagné en confiance en moi car j’ai pu faire quelque chose de moi-même, j’ai pu avoir un revenu de par mon travail.
Comment les activités de votre coopérative sont-elles impactées par le conflit avec Israël ?
La situation au Sud est très tendue, et en particulier dans la région de Qawzah où ils sont en train de frapper actuellement. Le village est situé en position stratégique, en haut d’une colline avec une visibilité sur toute la région, jusqu’à Israël. Nous avons dû quitter le village dès le premier jour. Nous avons laissé nos maisons, nos plantes, c’était très dur. Ce n'était pas le bon moment pour laisser la terre car la récolte du zaatar allait tout juste commencer et nous n’avons pas pu faire le travail.
Tout le village a fui, personne n’est resté. Je suis allé chez mes enfants à Beyrouth. Des villageois·es ont été accueilli·es dans des couvents. D’autres familles déplacées sont allées dans une ville voisine, moins exposée. Ceux et celles qui avaient des maisons hors de la région y ont été ou ont rejoint leurs familles. Toujours et chaque jour, je suis en contact avec les membres de la coopérative.
De temps en temps, nous essayons quand même de retourner au village, mais nous ne restons pas plus de 30 minutes. Nous passons voir les maisons, mais nous n’avons pas pu voir dans quel état sont les terres depuis que nous avons quitté le village car c’est dangereux, il y a des bombardements. La région est survolée par des drones. Quand nous sommes dans des zones à découvert, sans végétation, nous nous sentons très exposé·es.
Tout reprendra normalement, mais pour le moment, nous ne pouvons que prier. On ne sait pas combien de temps cela va durer. Notre maison n’a pas été touchée. Dès que la situation se calmera, nous reprendrons les activités, en espérant que l’on puisse profiter du printemps et de la récolte en juin.
Quelles relations entretenez-vous avec les terres où sont cultivés le zaatar ?
Je deviens poète quand il s’agit de cette terre. J’entretiens avec elle des relations d’amitié, de joie. C’est une joie de pouvoir travailler cette terre qui appartenait à des générations avant moi. Ma mère y vivait, et c’est une vraie fierté pour moi. Au début, je n'aimais pas trop le travail de la terre car c’était une activité difficile. Mais maintenant, cela me procure beaucoup de joie.
Quand je me suis mariée, je suis partie vivre à Beyrouth avec mon mari. Il n’y a pas d'école dans la région de Qawzah, c'était donc une contrainte, je ne voulais pas éloigner les enfants de l’école. Nous travaillions dans la région de Beyrouth et le week-end nous allions dans les terres. Mais nous voulions vraiment faire quelque chose pour Qawzah. Quand les enfants ont eu 10-11 ans, nous nous sommes reinstallés dans le village. Avec l’accompagnement de Fair Trade Lebanon, nous avons pu produire et vendre dans cette petite région, et avoir un revenu constant. Aujourd’hui, les enfants ont construit leur vie professionnelle à Beyrouth mais continuent à être attachés au village et à y revenir régulièrement, c’est une fierté pour moi.
C’est un moment historique, longtemps attendu, et le résultat d’une inépuisable bataille juridique contre l’impunité des entreprises. Dix ans après la tragédie du Rana Plaza, où des milliers de travailleuses du textile avaient trouvé la mort au Bangladesh, les entreprises de l’Union Européenne seront désormais tenues responsables de leurs impacts sur les droits humains et sur l’environnement.
C’est une victoire à célébrer, car une étape décisive dans l’évolution de la loi, mais ce n’est qu’un point de départ. L’ambition de l’accord s’est vu fortement réduite par le lobby des multinationales : le chemin vers un commerce respectueux des droits humains reste encore long.
Alors que la France était pionnière avec l’adoption d’une loi sur le devoir de vigilance des entreprises en 2017, notre gouvernement a honteusement plaidé pour l’exclusion du secteur financier de la directive. Les banques et autres acteurs financiers ont donc été exonérés de l’obligation du devoir de vigilance, alors même qu’ils soutiennent massivement des projets d’extraction fossile.
Le devoir de vigilance des entreprises européennes concernera uniquement les très grandes entreprises : celles de plus de 500 salariés et ayant un chiffre d’affaires mondial supérieur à 150 millions d’euros. Le seuil est abaissé à 250 salariés et 40 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les secteurs à hauts risques (textile, agriculture, minerais, construction).
Ces entreprises auront l’obligation d’identifier, de prévenir et de remédier aux impacts négatifs qu’elles pourront avoir sur les droits humains et l’environnement du fait de leurs activités, sur toute leur chaîne d’approvisionnement, y compris chez leurs filiales et à travers leurs relations commerciales. Chaque pays de l’UE devra désigner une autorité de contrôle pour vérifier si les entreprises respectent ces obligations. En cas de manquement, ces autorités pourront imposer des sanctions et des amendes allant jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires net mondial.
Selon les standards de l’ONU, c’est bien évidemment TOUS les droits humains qui doivent être respectés par les entreprises, car ils sont indivisibles et interdépendants. Mais les institutions européennes ont entrepris de lister en annexe les « principaux » droits humains concernés, complétés par une liste des principaux traités internationaux en la matière. Il est profondément désolant de voir que cet accord ne couvre pas l’ensemble des droits humains, et que certains droits, comme les droits des peuples autochtones, ont été totalement supprimés de l’accord.
Concernant la portée environnementale de l’accord, il est également déplorable que l’Accord de Paris sur le Climat - dont l’objectif est de limiter le réchauffement à 1,5°C - soit exclu des traités internationaux que les entreprises devront respecter. Les entreprises auront l’obligation de mettre en place des plans de transition climatique, mais elles ne seront pas responsables juridiquement en cas de non-respect de l’atténuation du changement climatique. Les atteintes à l’environnement ont aussi été définies de manière restrictive : certains types de pollution provoqués par les entreprises seront condamnables, tandis que d’autres n’entreront pas dans ce champs.
Malgré toutes les pertes essuyées pendant ces négociations, nous pouvons nous réjouir car, dans un contexte marqué par la toute-puissance des multinationales et de leur lobby, nous sommes parvenus à conserver le cœur et la raison d’être de cette directive : la responsabilité juridique des entreprises en matière de droits humains. C’est une victoire indéniable à célébrer, mais surtout une bataille à continuer. Cette directive doit être améliorée, la mobilisation citoyenne ne doit pas cesser.
Santanu Sarkar, directeur général de Tea Promoters India, a atterri à Paris et sillonné la région Champagne-Ardenne du 24 novembre au 10 décembre 2023. Il a été reçu par les associations locales Artisans du Monde de Charleville-Mézières, Chaumont, Troyes et Reims.
A travers cette tournée, nous avons pu animer des espaces d’échanges et de rencontres interculturelles entre producteurs et productrices, consommateurs et consommatrices, citoyens et citoyennes. Notre invité a pu témoigner des réalités socio-économiques et environnementales de la production de thé en Inde, particulièrement dans la région du Darjeeling, et faire prendre conscience au public du labeur qui se cache derrière chaque tasse de thé.
Des événements ont été organisés pour sensibiliser le grand public aux enjeux de la production de thé : une soirée publique à Chaumont dans le cadre du Festisol, une conférence en partenariat avec l’Université Populaire d'Écologie de la Marne à Reims et une intervention à la faculté de lettres de Troyes.
De nombreuses interventions scolaires ont été réalisées dans les collèges et les lycées, notamment de spécialisation agricole, pour sensibiliser les jeunes aux enjeux de la production de thé et au commerce équitable. A Charleville-Mézières, les jeunes étudiant·es en hôtellerie-restauration ont pu organiser eux-elles-mêmes une conférence avec une dégustation de thé et réaliser des préparations culinaires à base de thé.
Le représentant de TPI a également eu l’occasion de visiter des exploitations agricoles locales, principalement fromagères et viticoles, et ainsi échanger des pratiques entre agriculteurs et agricultrices du Nord et du Sud impliquées dans la culture biologique.
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