“Le commerce équitable transforme la vie des producteurs, des productrices et de leurs enfants !”

De quelle manière le commerce équitable permet-il la sauvegarde des savoir-faire et du patrimoine esthétique indien ?

A l’époque de la post-indépendance, nous avons assisté à une redynamisation du secteur artisanal malgré l’implantation des industries textiles mondialisées en Inde.
Les consommateurs et consommatrices indien·es conscient·es ont permis la préservation des savoir-faire traditionnels.

Néanmoins, les modes changent et les artisan·es sont exposées à d’autres esthétiques et modes grâce aux réseaux sociaux et à la télévision. Elles ont pleinement conscience des évolutions des goûts. Depuis la naissance de Sasha, nous nous appliquons à faire évoluer notre offre afin qu’elle reste pertinente à travers les époques, en collaborant avec des designers indien·nes mais aussi venu·es d’autres horizons. Notre méthode est de faire collaborer, de manière égalitaire, toutes les parties, les designers comme les artisan·es, dans la conception. Les tissus traditionnels sont ainsi utilisés dans des vêtements modernes afin de continuer à valoriser nos savoir-faire. L'artisanat, ça vit. Ça n'est pas pour les musées ! L’artisanat doit être utile aussi et accessible. C’est ce que fait Sasha : faire évoluer l’artisanat pour que les gens l’achètent.

De plus, les techniques traditionnelles sont moins nocives pour l’environnement. Si nous mécanisons les étapes les plus difficiles et fastidieuses, nous souhaitons maintenir un certain travail manuel pour favoriser la créativité. Notre exigence est de proposer des tissus entièrement naturels.

Par ailleurs, nous sommes impacté·es par les migrations qui éloignent les personnes de leurs traditions et de leurs communautés. Ces exodes dégradent les sociétés. Notre enjeu est donc de promouvoir la culture et l’identité des communautés à travers l’artisanat.

L’artisanat est-elle une fonction sociale réservée à un genre ?

La situation est différente selon les régions et les communautés.
L'artisanat est souvent réservé aux femmes. Les hommes sont minoritaires et se concentrent surtout sur des activités comme la sérigraphie, par exemple. Dans certains villages, les artisanes ont la compétence technique et le commerce est aux mains des hommes. Cela évolue.

En général, les femmes et les enfants réalisent les activités les plus minutieuses, valeureuses et difficiles sans obtenir ni reconnaissance ni salaire. Pendant longtemps, toute l’activité de conception était faite par les femmes, tandis que les hommes géraient les dernières étapes de fabrication, la vente et conservaient les revenus. Sasha a travaillé sur ces questions pour que les étapes finales soient entre les mains des femmes.

Le travail artisanal est une opportunité pour les femmes de sortir de la maison et rencontrer d’autres personnes. La plupart des femmes travaillent depuis la maison mais il existe un espace commun pour que les groupes se rassemblent et échangent. Elles décident de leur temps de travail en fonction de l’organisation de leur journée car le travail artisanal s’ajoute au travail domestique. Le commerce équitable, ce n’est pas l’usine. La flexibilité est propice à la participation des femmes et les centres artisanaux s’adaptent à leurs contraintes. Grâce à la notoriété de nos membres, les familles ne s’opposent plus à ce que les femmes y travaillent.

En tant que présidente de la WFTO, quels atouts et défis identifiez-vous dans le mouvement ?

La force de la WFTO, ce sont ses membres pionniers du commerce équitable. Le système de garantie s’assure que toutes les valeurs du mouvement soient respectées. Les membres de la WFTO ont démontré que les entreprises sociales sont une solution pour respecter les droits humains et la planète. C’est un modèle résilient et pertinent qui fait ses preuves en matière d’inégalités sociales, culturelles et économiques.

A Sasha, les responsables des groupes d’artisan·es sont chargé·es de représenter les intérêts des artisan·es pour négocier les prix. Les salaires sont calculés avec la grille de salaires de la WFTO. A chaque commande, nous concevons une feuille de coût qui nous permet d’évaluer les coûts de production, les prix des matières premières, les frais généraux… Ainsi, chez nous, 30 à 45% du prix revient aux artisan·es. C’est un travail d’amélioration continue. Nous veillons, par ailleurs, à la cohésion sociale de nos artisan·es en interdisant toute forme de discrimination.

Notre principal enjeu pour la WFTO consiste donc à renforcer notre visibilité. Parlons davantage de nous, de nos réussites et de nos impacts. Car le commerce équitable transforme la vie des producteurs, des productrices et de leurs enfants !

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